un système économique de bon aloi — proposition pour une économie distributive

introduction

Le système économique qui règne actuellement sur la presque totalité de notre belle planète est presque infiniment pervers. Heureusement, cela se sait de plus en plus (voir, entre autres, L’argent dette de Paul Grignon). Mais quelles alternatives y a-t-il à notre disposition ? En fait, de nombreuses avenues s’ouvrent à nous (voir, par exemple, le site RézoPar). Aucune d’entre elles cependant n’est sans poser de problèmes ou de difficultés d’application.

Par exemple, si l’on examine l’alternative la plus répandue, les SELs (systèmes d’échange locaux) ou leurs proches cousins, les JEUx (jardins d’échange universels), on constate que le troc n’exclut pas l’accumulation et, partant, les abus possibles, comme le démontre très bien l’album de Greg, Achille Talon et l’archipel de Sanzunron (si l’on exclut l’ironie finale où la banque est présentée en véritable messie !).

Ainsi, même à l’intérieur de tels systèmes, un artiste attirant les foules pourra, en échange d’une heure de performance, non seulement jouir de son talent et de l’influence que ce dernier lui confère, mais de surcroît obtenir une rétribution multipliée par le nombre de spectateurs attirés. Autre exemple : les propriétaires d’un lac peuvent faire payer les gens qui viennent s’y baigner et ainsi s’enrichir tellement qu’ils deviendront éventuellement en moyens de s’acheter un deuxième lac, puis deux autres, puis quatre, et cætera, et cætera.

Comme Greg, je vois là en germe toutes les disproportions et schèmes de domination que nous connaissons actuellement dans le monde. Il existe en effet une certaine tendance humaine, appelons ça l’avidité ou l’insécurité, à vouloir prendre de l’expansion, à vouloir posséder toujours plus.

Voulons-nous, une fois pour toutes, d’un système qui non seulement permet une expansion personnelle illimitée sur le plan des possessions matérielles (en outre de la terre elle-même) — et donc permet la domination absolue des plus cupides —, mais aussi fait passer cela pour parfaitement légitime ?

Je propose dans le présent article un système inspiré de l’économie distributive. L’économie distributive est un système économique qui a été proposé en France dans les années trente par Jacques Duboin et vulgarisé depuis par sa fille, Marie-Louise Duboin, notamment dans Les affranchis de l’an 2000 et Mais où va l’argent ? Ces livres exposent en détail, respectivement, le fonctionnement de l’économie distributive et les intrications méphistophéliques de l’économie actuelle, ainsi qu’une série de mesures aptes à y remédier. Mme Duboin est également rédactrice en cheffe du journal La grande relève, journal dédié à la diffusion d’informations sur l’économie distributive et qui a vaillamment traversé les décennies, des années trente à aujourd’hui.

L’économie distributive est une économie qui non seulement assure une distribution équitable des ressources, mais aussi limite l’argent à sa fonction d’unité de mesure. Et cette fonction de mesure a bel et bien son utilité, ne serait-ce que moralement, puisqu’elle peut servir entre autres à s’assurer qu’on donne au moins autant qu’on reçoit.

Aujourd’hui, avec l’économie capitaliste, l’argent est plutôt considéré comme un bien qui lui aussi se loue et n’est donc plus la mesure que de l’injustice, pour ne pas dire qu’il est carrément un instrument de la démesure.

Dans l’économie actuelle, les banques prêtent à un certain nombre d’emprunteurs, qui devront par la suite leur remettre cet argent PLUS les intérêts. Donc, comme il leur faudra, au total, remettre à la banque plus qu’elle n’a mis en circulation, tous ne pourront pas rembourser. C’est mathématique. Alors, il y aura des gens qui se tueront à la tâche de payer leurs dettes, il y aura des faillites, de beaux rêves qui tomberont à l’eau sans raison valable, des gens qui seront réduits à demander l’aumône — des perdants, quoi, exploités ou stigmatisés —, et des gagnants, qui leur feront (ou pas) « la charité ». Pourquoi diable nous livrer à un jeu aussi cruel ?! La priorité n’est-elle pas de toute évidence de s’assurer que tous aient à se vêtir, à se loger, à manger et cela solidairement et sans indignité ?

C’est un système taillé à cette fin que je présente ici. Le voici donc.

« La nécessité est la mère de toutes les inventions. » ~ Platon

Comment fonctionne donc l’économie distributive ? En premier lieu, pour une collectivité donnée, on recense quels sont, pour la période à venir (par exemple : le prochain mois ou la prochaine semaine), les besoins et les souhaits collectifs et individuels, y compris les services que les membres de la collectivité souhaitent offrir durant cette même période. On invite les gens à choisir des activités qui correspondent à leurs goûts, talents et inclinations, ce qui est à la base de la logique distributive ; en effet, si chacun aime à accomplir le travail qui est sa contribution concrète à la société, il n’est que normal que chacun reçoive à la base une part égale d’unités à dépenser. Dans ce texte, je supposerai que ces unités sont des « heures ».

On relève ensuite les besoins non comblés par l’offre prévue et on les affiche publiquement, afin que les gens puissent ajuster leurs offres en vue de mieux combler ces besoins. Une option proposée par Marie-Louise Duboin dans Les affranchis est d’offrir un incitatif monétaire à qui accepte de fournir un service nécessaire mais non comblé spontanément.

À noter qu’il y a ici des indices de la santé de la collectivité : si tous les besoins sont comblés du premier coup, sans ajustements, on obtient alors la note parfaite ; si par contre des incitatifs sont nécessaires, on sera d’autant en-dessous de la perfection, mais tout de même dans les limites de la santé collective. Si enfin des besoins restent non comblés, c’est qu’on a alors affaire à autant de problèmes de société.

Après la période d’ajustement, la période comptabilisée commence. On fait la somme des heures de service annoncées, on en retranche ensuite la part destinée aux besoins collectifs (routes, écoles publiques, etc.), puis on distribue équitablement la somme restante dans des comptes individuels. « Équitablement », ici, signifie qu’on donnera aux gens ayant des besoins spéciaux (médicaments, prothèses, etc.) un supplément leur permettant de combler ces besoins sans que leur pouvoir d’achat en soit amoindri.

une solution comme une autre à l’accumulation : la soustraction

En économie distributive, lorsqu’un bien ou un service est acheté, les unités ayant servi à cet achat sont soustraites du compte de l’acheteur, mais ne s’accumulent dans aucun autre compte : on enregistre seulement à quoi ces unités ont servi, qui a fourni le service, la date, ainsi que toute autre information pouvant s’avérer utile. Ainsi, à la fin de la période, on est à même de mesurer le détail de l’activité économique de la collectivité.

Aussi, des conseils de producteurs et de consommateurs ont la possibilité d’informer le système des besoins collectifs et individuels non comblés, de même que de ce qui a été produit en trop ou en trop petite quantité. On peut ainsi se rajuster pour la période suivante. L’économie distributive, par ces ajustements du montant de départ, met en évidence que nous sommes tous ensemble, « dans le même bateau ».

En plus du compte dit « de consommation » où l’accumulation est impossible (puisque même ce qui reste à la fin d’une période est remis à zéro au début de la suivante) — et c’est là ma contribution à l’économie distributive qui ne propose rien de tel dans sa formule originale —, chaque personne dispose aussi d’un compte dit « de rétribution » où les crédits peuvent s’accumuler (selon des taux à définir collectivement), mais uniquement à proportion du temps de service fourni et de l’effort requis pour ce faire (ou de l’indice de « rébarbativité » des services). Ce compte peut servir à acheter des choses coûtant plus que le montant reçu au début d’une période.

Les diplômes ne justifient donc en rien un plus gros salaire. De toute façon, le temps de repos que rend nécessaire la prestation de services pénibles, le temps d’entraînement ou de pratique que nécessitent certaines performances, de même que le temps d’étude et d’apprentissage que demandent certains métiers est compté comme temps fourni. L’enseignement, dans cette économie, est un bien public offert gratuitement. Certaines études particulièrement nécessaires y sont même parfois rétribuées. Le temps passé à « tenir maison » pour autre que soi est également compté.

engagez-vous, qu’y disaient !

Pour qu’un système d’économie distributive fonctionne, il n’est pas absolument nécessaire de demander aux gens aptes à contribuer de s’engager à l’avance à fournir un nombre défini d’heures de service, on peut simplement leur demander d’annoncer qu’ils offrent au moins un type de service (comme c’est d’ailleurs généralement de mise dans les SELs). Pour commencer, on distribue un montant plus ou moins arbitraire aux membres au début de la première période, puis, pour les périodes subséquentes, on révise à la baisse ou à la hausse ce montant de départ en se basant sur la vitalité économique qu’a atteint la collectivité lors de la période précédente.

Cela dit, il existe des domaines vitaux pour lesquels l’engagement peut s’avérer souhaitable ou même nécessaire, par exemple les soins de santé ou la production agricole. Nous pouvons néanmoins débuter avec un système qui ne demande pas d’engagement et examiner cette question plus tard.

Les personnes qui fourniraient, par période, moins d’heures de service que le nombre d’heures distribuées au début de la période ne seraient pas pénalisées. Seulement, le montant de départ pour l’ensemble des membres en serait légèrement amoindri au début de la période suivante.

On pourrait ainsi choisir son train de vie, en travaillant plus ou en travaillant moins, sans que le système ne nous impose de limites inutiles.

l’avenir commence maintenant

Un tel système ne peut fonctionner tel que décrit que si des biens et des services sont offerts dans tous les secteurs d’activité et en assez grande quantité. Les SELs eux aussi restent marginaux tant que tous les secteurs d’activité n’acceptent pas les paiements en heures comptabilisées. En revanche, un système d’économie distributive nous permet d’emblée de tenir compte des projets collectifs et de les planifier ensemble, ce qui nous rapproche de l’objectif de pouvoir bénéficier de tous les secteurs d’activité au sein de nos collectivités. Cela fournit en outre un cadre pour inclure des industries qui décident de passer à ce système — soit volontairement, soit en désespoir de cause, advenant un effondrement de l’économie capitaliste.

Avec un système d’économie distributive, on peut facilement connaître la demande et l’offre à l’avance, via les recensements d’informations précédant les périodes comptabilisées, et ainsi se trouver à même de planifier ensemble nos projets collectifs, ce qui n’est pas le cas avec les SELs. Voici quelques exemples de projets collectifs dont nous pourrions nous doter à court et à moyen termes : distribution gratuite de nourriture, production de bois de construction, écoles et ateliers de toutes sortes, soins de santé, transports, récupération et transformation de meubles, construction de bâtiments collectifs ou d’habitation, etc.

mais… est-ce qu’il ne s’agit pas là d’un système communiste ???

Le système que je propose est-il un système communiste ? Consultons, pour élucider cette question, un extrait de la brève définition du communisme proposée par l’équipe Perspective monde de l’Université de Sherbrooke :

Communisme : terme qui désigne une idéologie de gauche préconisant l’avènement d’une société fondée sur la communauté des biens. On retrouve des formes de communisme chez les Anciens (Platon), chez les penseurs utopistes (More) ou chez les anarchistes (Babeuf, Proudhon, Bakounine), mais c’est surtout avec la diffusion de la pensée de Marx que le communisme est devenu une référence politique (Manifeste du Parti communiste, 1848). Chez ce dernier, le communisme est une phase avancée du développement de l’Histoire. Après le capitalisme devrait survenir le socialisme, puis le communisme.

Dans le socialisme, l’État constitue le maître d’œuvre de l’activité économique et sociale dans la mesure où il est le propriétaire des moyens de production. Dans le communisme, l’État n’existerait cependant plus ; la communauté aurait établi des mécanismes de régulation et d’autodiscipline sans qu’on ait recours à une entité étatique. Selon la doctrine marxiste, le « dépérissement de l’État » constitue le processus même du passage du socialisme au communisme. Au stade du communisme, le principe de distribution des richesses devrait alors être « à chacun selon ses besoins ». Les opposants au communisme qualifient généralement ce projet politique d’irréaliste ou d’utopique. Libéralisme et communisme sont des idéologies diamétralement opposées.

Le terme communisme désigne également le courant politique des partis communistes, autrefois intégrés à la IIIe Internationale créée par Lénine au lendemain de la révolution bolchévique de 1917. Les partis communistes doivent être distingués des partis socialistes.

Le terme communisme renvoie donc à la fois à une idéologie, à un régime politique et à un ensemble de formations politiques. Cet usage multiple du terme est cependant source de plusieurs confusions. Par exemple, aucun des partis communistes n’a prétendu avoir atteint le stade du régime communiste. Ainsi l’URSS, bien que dirigée par un parti communiste, estimait n’avoir atteint que le stade du socialisme ; l’objectif ultime était néanmoins le communisme.

Et si les outils de communication dont nous bénéficions aujourd’hui nous permettaient plus facilement que jamais de réaliser cette eutopie (sic) où « la communauté aurait établi des mécanismes de régulation et d’autodiscipline sans qu’on ait recours à une entité étatique » ??

Il est vrai que le fonctionnement de l’économie distributive ressemble à la définition du communisme véritable — lequel, redisons-le, n’a encore jamais réellement existé, sauf peut-être à très petite échelle. Cependant, l’assimiler aux politiques de Lénine ou de Staline serait évidemment loufoque. Ces prétendus « communistes » ont voulu imposer leur vision de l’ordre et de la justice en prenant le pouvoir et en chargeant l’État d’appliquer cette « vision », avec les conséquences inhumaines que nous connaissons. Je ne crois pas que nous souhaitons encore aujourd’hui souscrire à une telle approche. Je ne propose pas de démanteler les structures existantes, je ne veux rien imposer non plus. Je souhaite seulement proposer de nouvelles façons de faire qui s’ajouteraient à celles qui existent déjà… et les remplaceraient progressivement.

Maintenant, souhaitons-nous qu’un individu ou qu’un groupe d’individus qui possèdent des moyens de production à grande échelle puissent s’enrichir indéfiniment grâce à eux ? Ou bien souhaitons-nous que chacun reçoive plutôt « selon ses besoins » ? Que les besoins primaires soient comblés est certes un objectif intéressant à viser collectivement, mais nous voulons aussi subvenir à davantage que ces besoins primaires. Voulons-nous alors imposer le même train de vie à tout le monde ? Je ne crois pas que cela soit très réaliste. Certains veulent manger au resto tous les jours, d’autres se contentent de moins.

Le système que je propose n’impose pas de plafond strict au train de vie des gens et peut fonctionner sans qu’il soit obligatoire de s’engager à l’avance à fournir des heures de service. Un tel système restreint cependant la capacité de s’enrichir indéfiniment et d’acquérir de plus en plus de pouvoir sur la seule base de nos possessions, qu’il s’agisse de fortunes « héréditaires » ou gagnées à l’aune de notre popularité, ou encore par l’entremise de moyens de production.

la mise en place d’un tel système, ce n’est pas pour demain, n’est-ce pas ?

Ce système est bien entendu plus complexe qu’un système d’échange local classique, mais, tout complexe qu’il soit, il le serait bien moins que celui qui prévaut aujourd’hui, en 2010. De plus, une fois mis en place, il serait relativement simple à utiliser et nous permettrait d’y voir plus clair dans les ramifications de nos dynamiques d’échange — et aussi d’y intervenir individuellement (et d’autant mieux que nous y voyons plus clair) avec de réels effets sur la planification et l’organisation des projets collectifs.

Il y a certes beaucoup de travail à accomplir en ce sens, en particulier au niveau des mentalités, mais l’implantation d’une version simple d’un système tel que celui que je propose serait presque un jeu d’enfant si, d’autre part, le web sémantique prenait son essor et se répandait sur la surface de la planète. J’expose dans un autre article mes idées concernant ce que pourrait être un développement populaire du web sémantique.

En outre, plusieurs aspects restent à élaborer dans l’optique d’un tel système, notamment : la durée d’une période, l’allocation de nos ressources au « bien commun » (si tant est qu’une telle chose existe !), l’organisation et le fonctionnement des conseils de consommateurs et de producteurs, comment au juste évaluer le montant de départ pour les projets collectifs, la place de l’argent traditionnel dans le système, les relations du système distributif avec l’« État » et le fisc ; le problème du logement… J’en oublie sûrement.

en guise de conclusion

Pourquoi conclure ?  Essayons-le !  Nous verrons bien ce que ça donne…

11 comments so far

  1. Marie-Jeanne Leduc on

    Intéressant merci Fred

    Une Trilogie que j’ai lu de science fiction nommée:  »Mars La Rouge, Mars La Verte et Mars La Bleu » m’a beaucoup fait réfléchir à ce sujet. Car un groupe de gens, dans un futur rapproché partent coloniser la planète Mars et aussi den changer l’éco-système technologiquement afin de pouvoir y vivre presque comme sur la Terre. Cela prends des centaines d’années à accomplir, plusieurs générations.
    Tous ces gens veulent débuter une nouvelle civilisation en ne répétant pas les erreurs commise sur la planète bleue.
    – Ils étudient gratuitement toute leurs vies.
    – Tout les terrains, édifices, véhicules appartiennent à la communauté. À part d’un montant minime de liquidité afin que chacun accomplisse son hobbie désiré.
    – Quand quelqu’un meurt ces enfants héritent juste de ses effets personnels. Ordi, vêtements, outils, ect et ensuite tout est retourné à la communauté planétale. Car il y a une possibilté de travailler plus pour avoir certains biens ou pas du tout.
    – Les gens travaillent quand ils veulent et dans le domaine désiré ou selon aptitudes. Le travail est plutôtcomme un projet stimulant et non une obligation plate.
    – La technologie est utilisée à des fins de faciliter la vie des gens comme avec des robots pour faire tâches répétitives afin d’avoir le plus de temps libres ou pour devenir plus intelligent à continuer d’apprendre.
    – Les villes sont des minies communautés : il peut en avoir composé de gens plus de religieux ou scientifique ou de même idéologie.
    Alors si je n’est pas le goût par example de vivre dans une culture musulmane et bien je n’y met pas les pieds et je vais rejoindre le village des hippies à la place. Alors on s’entoure de gens avec le même genre de philosophie de vie.
    – J’ai eu la chance de vivre dans une
    communauté semblable en 2005-2006 au Danemark
    et elle s’appelle Christiania :
    http://en.wikipedia.org/wiki/Freetown_Christiania

    Ils font partis du pays mais ils s’auto-gèrent donc la communauté achète un bloc d’électricité de Copenhagen et certains services. Mais ce village de 850 personnes ont leurs propres règlements et se considère comme hors de l’union européeene dès que l’on passe la barrière.
    – Les voitures, motos sont interdites.
    – Les bars ouvert 24 hr avec pleins de concert même souvent le jour. Je pouvais danser l’après-midi et les chiens en liberté.
    – Ils ont même une monnaie équivalente à une heure de travail (avec une feuille de pot dessus)
    50 Kroners (= 10$ can)
    – Ils ont pleins d’activités artistiques, musicaux, activistes, ect.
    – J’ai pu soigner une blessure gratuitement sans question dans la clinique médicale.
    – Surtout mon resto végé préféré s’y trouve et finalement remplis de gens super cool discutant dans les parcs, jouant de la musique …
    M-J

  2. Marie on

    Une chose est certaine, ça peut difficilement être pire si on pense à l’abus de pouvoir que ceux qui dominent la planète avec l’argent volé et à leurs fortunes qui s’accumulent de façon exponentielle grâce aux mesures qu’ils se votent entre eux.
    Le débat est important, cher Fred et la solution que tu proposes est séduisante. Puisque Marie-Jeanne a vu une autre façon de fonctionner ailleurs et qui marche, pourquoi ne pas la tenter pour débuter dans une petite communauté prête pour ce changement? Parce que, comme tu le dis aussi, il y a un travail énorme à faire au niveau des consciences en général. Nous sommes sur le pilote automatique de l’avalage de couleuvres en série et n’avons pas, loin s’en faut, l’habitude de la remise en question!…

  3. Louis Marion on

    C’est intéressant ce modèle et ça fait du sens comme économie alternative au capitalisme mais il me semble aussi que ça suscite certains problèmes politiques et philosophiques important.

    Je crois qu’il faut distinguer les désirs des besoins et aujourd’hui malheureusement il n’y a pas que des besoins a combler il y a surtout des désirs plus problématiques qui eux sont techniquement déterminé et dépendent par exemple de l’existence du pétrole, de la division international du travail, de la techno science et de l’industrie capitaliste. Les faux besoins sont de vrai désir malheureusement.

    Il y a aussi le problème de l’équivalence du temps de travail social. Aristote constatait déjà que le problème du communisme de Platon s’était que le temps dépensé au travail n’est pas nécessairement de la même qualité.

    Comment mesurer l’effort du travail son caractère plus ou moins ingrat et pourquoi maintenir le quantitatif la duré du temps de travail comme critère de la justice?
    LM

  4. Sébastien Paquet on

    Je trouve que ton idée est intéressante. Par où on commence? On fait le web sémantique, puis on fait ça? Ou pourrait-on inventer une version « jouet » mais néanmoins utilisable?

  5. fredofromstart on

    @Marie-Jeanne : Oui, l’ironie, c’est qu’il nous faut en quelque sorte terraformer notre propre planète, ou du moins l’humaniser ! Pour ce qui est de favoriser la diversité des modes de vie, je pense que l’économie distributive peut effectivement y contribuer, et pas qu’un peu, mais, selon moi, un développement populaire du web sémantique est susceptible d’y contribuer encore davantage.

    @Marie : Hélas ! Les médias servent aujourd’hui à l’endoctrinement plus qu’à l’information. Mais un vent de fraîcheur nous arrive ces jours-ci avec Wikileaks (http://www.wikileaks.org/ ; voir aussi : http://www.cjr.org/campaign_desk/the_story_behind_the_publicati.php?page=all) ! Il y a de l’espoir !

    Et, bien sûr, on peut commencer à petite échelle pour appliquer l’idée de l’économie distributive sur le terrain. Mais on peut aussi lancer le débat à grande échelle… J’ai envoyé un lien à la Commission thématique économie, fiscalité et lutte à la pauvreté de Québec Solidaire qui évalue différentes alternatives au système capitaliste et… qui me demande de résumer ma proposition à 800 mots ! Il va falloir que je me lance moi aussi dans les coupures ;^)

    @Louis : Bien sûr, la notion de besoin est à revisiter et à redéfinir. Un des gros avantages de l’économie distributive est qu’avec elle on peut mesurer les conséquences réelles de nos choix — on n’est plus sous l’illusion actuelle qui fait paraître les catastrophes écologiques (par exemple) comme plutôt positives, puisqu’elles font augmenter le PIB !

    La disparité dans la qualité du travail accompli est certainement un problème, mais un système de rétroaction est envisageable qui ferait qu’on pourrait y voir clair et aviser en cas de travaill de trop mauvaise qualité. Si c’est simplement que certaines personnes sont plus lentes à accomplir certaines tâches, cela ne devrait pas nécessairement les pénaliser : « On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour accomplir not’ travaaail… » (sur un air connu 😉

    Enfin, une façon simple de mesurer le caractère ingrat d’une tâche est de voir si on veut la faire ! Il y a aussi des moyens objectifs de mesurer l’effort requis pour effectuer une tâche, par exemple le nombre de calories brûlées. Et puis, la durée du temps de travail pour évaluer la rétribution est quand même préférable à la possession du capital, non ? Les gens qui travaillent de longues heures dans un restaurant sont plus méritantes que les propriétaires qui ne consacrent que quelques minutes à les superviser, non ?

    @Sébastien : En effet, je pense que le web sémantique est la première étape. La comptabilité serait une couche ajoutée à celle de la communication de nos souhaits. On pourrait commencer par une version « jouet » de l’économie distributive, bien sûr, mais commencer par le web sémantique me semble la façon la plus logique. Il est plus ou moins utile de comptabiliser nos échanges si nous n’avons pas tout d’abord de bons moyens de communiquer.

  6. Michael on

    J’aime bien cette approche, entre autres pour sa perspective d’un remplacement de l’État, d’une décentralisation des décisions, tout en veillant à une juste allocation parmi la communauté.

    Je partage ici quelques questionnements, sur :
    Les conseils de consommateurs
    L’usage du web sémantique
    La « concurrence » du marché et de l’État
    D’une culture de dépendance à une culture de participation

    Mise en contexte : je travaille dans un « club de consommateurs » qui met en place des alternatives d’approvisionnement alimentaire et des activités éducatives et d’entraide (cuisines, ateliers pratiques, jardins collectifs, etc.) à Montréal.

    Plusieurs de nos participants, qui forment des équipes pour gérer des activités assez complexes comme un marché mensuel de fruits et légumes et un groupe d’achats, le font sans pour autant savoir utiliser un ordinateur. Déjà, le fait de lire et de savoir additionner n’est pas donné à tous. On s’assure de répartir les tâches de façon à ce que personne soit pénalisé ou jugé selon sa maîtrise de ces connaissances formelles. L’oral est utilisé pour les bilans, les participants ont le choix d’être contactés par internet ou téléphone, les immigrants récents peuvent être jumelés avec ceux qui maîtrisent mieux la langue, etc. Pour qu’une économie alternative puisse prendre racine dans nos communautés diversifiées, il est crucial de voir comment la rendre communicable, accessible. L’internet à lui seul ne suffit pas, les groupes de base (conseils de consommateurs et autres) devront s’organiser et se situer dans une perspective de construction d’alternatives économiques (et changer le sens de ce dernier mot que la majorité comprend comme « une alternative qui coûte moins cher »).

    Dans un autre contexte, un comité sur l’alimentation locale où je m’implique, nous avons un site web et là, tous nos participants savent lire, écrire, compter. Très peu, toutefois, vont écrire sur notre site web ou modifier des pages wiki. La capacité n’est pas le problème, mais l’informatique rebute. Le peu que je comprends du web sémantique me donne l’impression qu’il facilite l’expression « dans nos mots », sans avoir à s’intéresser à l’informatique et à ses codes particuliers. Ce serait déjà un pas vers un meilleur accès.

    Aussi, je serais curieux de voir comment un SEL pourrait intégrer la production de biens matériels et rétribuer de manière juste les travailleurs/artisans tout en étant intéressant pour les gens qui ont peu d’argent et qui sont poussés à chercher le « moins cher » pour subsister. On sait comment les manufactures ont du mal à produire à un coût « concurrentiel » avec celles des pays du Sud, comment notre culture est habituée à chercher les rabais (ce au nom de quoi les travailleurs sont normalement « rabaissés »), etc.

    Les montants alloués à chacun, s’ils le sont dès le début de chaque période, ne ressembleraient-ils pas pour plusieurs aux allocations de début de mois ? Pourquoi travailler si on obtient au départ les crédits et que : « Une personne qui fournirait, par période, moins d’heures de service que le nombre d’heures distribuées au début de la période ne serait pas pénalisée. Seulement, le montant de départ pour l’ensemble des membre en serait légèrement amoindri. » ? Rendre le travail attrayant est une bonne idée, mais comment, dans une perspective différente de l’ « employabilité » (que l’on puisse profiter de toi) ?

    À petite échelle, dans une communauté de quelques dizaines ou centaines de membres, on voit rapidement l’effet de notre laisser aller (si personne ne fait le ménage, on voit le désordre ; si personne cuisine, on mange tard, etc.) mais dans nos villes avec leur système public et la complexité des dépendances et attentes envers l’État, d’une part il y a beaucoup à faire pour amener une culture de la participation à un projet collectif. D’autre part, on doit goûter à ses avantages assez tôt pour s’y intéresser.

    Enfin, je suggère de se souvenir que certains ont intérêt à ce que le capitalisme perdure. Le communisme fut combattu, toute alternative sérieuse le sera aussi. Mais si elle prend racine et qu’elle permet une réelle émancipation, il y a de bonnes chances que les gens la défendent avec conviction.

    J’ai l’impression que mes questionnements ont probablement déjà été abordés par les penseur-e-s de l’économie distributive ou par toi, Fred. Quelques pistes et références m’aideraient à clarifier. Par ailleurs, quelles étapes non informatiques seraient à franchir, à une échelle de quartier ou de municipalité ?

    poursuivons la discussion..

  7. fredofromstart on

    Réponses à Michael

    À plusieurs questions, plusieurs réponses !

    Oui, l’informatique est pratique à certains niveaux de la question, surtout pour l’automatisation qu’elle permet, mais on doit pousser loin l’aspect interface d’un tel projet pour qu’il puisse réellement changer la donne dans le monde. Les cartes de débit, c’est encore encombrant, ça demande du matériel électronique. Mais entre ça ou porter chacun un carnet où noter les échanges (comme dans les JEUx, où on note les échanges dans les carnets des autres)… je me demande si on préfèrera encore les « banknotes »…

    Une petite astuce : l’effort de tenir le compte des activités et des échanges peut être porté entièrement par les demandeurs de services (chaque demande suscitant automatiquement un questionnaire de suivi) et les entreprises. De la sorte, on pourrait fournir des services sans jamais avoir à toucher à un formulaire ou à de la paperasse.

    Du côté du Web sémantique, un jeu de cartes ou de jetons arborant des idéogrammes peut servir d’interface facilement interprétable par les humains et par les ordinateurs. À noter que c’est un Web sémantique émergent (et pas n’importe lequel Web sémantique) qui nous permettrait le mieux d’utiliser « nos mots » et donc de participer activement à l’invention du langage. Et, oui, je suis d’accord, la possibilité d’être compris dans ses propres mots, sans avoir à passer par des formulaires contraignants, peut nous encourager à participer. Communiquer vient avec le paradigme convivial. Nous l’avons désappris, dans le paradigme technofasciste où nous nous enfonçons depuis plus d’un siècle.

    Concernant la « concurrence » des pays du Sud, elle sera bientôt bien différente, quand nous aurons dépassé le pic pétrolier et que faire le plein coûtera la peau des fesses…

    En plus de ces trucs techniques, on peut penser que quand l’ère de la communication atteindra son plein (et bien avant, j’espère), on verra l’apparition du métier de scribouille. Les scribouilles seraient des personnes qui serviraient d’intermédiaires entre des usagers et le réseau de communication — et au besoin, d’instructeurs, histoire d’autonomiser les usagers.

    Je crois qu’il n’y a pas à inventer d’incitatifs pour qu’on veuille faire quelque chose d’utile et de bien dans le monde. On peut par contre enlever plein d’éléments rébarbatifs au monde du travail habituel : l’obligation de faire toujours la même chose encore et encore, les inégalités choquantes de rétribution entre telles et telles occupations, les schismes sociaux que créent les prix de certaines études, permettant seulement aux plus riches de s’y adonner, la simple laideur du système économique actuel, et cætera, et cæetera. De plus, plutôt que de rédiger des curriculum vitæ, rédigeons des curriculum volontés !^) Voir ce petit texte.

    En ce qui concerne la participation, je crois qu’en ce domaine le goût croît avec l’usage. On peut commencer localement, par exemple en manifestant le souhait que la ruelle derrière chez soi soit aménagée et ruelle verte. Puis, voyant le dynamisme que cela crée, manifester une vision plus grande.

    Le capitalisme ? Cette cabale obscure ? Dans la clarté, la noirceur n’a plus beaucoup de force, elle se replie dans les recoins. En revanche, une petite source de lumière et toute une pièce est rendue visible. Il s’agit de rendre l’alternative aussi claire que le jour. On allume la lumière et les monstres sont toujours là ? Bon, d’accord, peut-être, mais nous sommes les plus nombreux. Communiquons ! C’est le pouvoir magique qu’ils ont tenté de nous dérober.

  8. Eric Goujot on

    Super, des gens du Continent Nord américain s’intéressent à l’Economie Distributive !

    Je vous invite à découvrir quelques textes à la page http://ecodistributive.chez-alice.fr/index.php?page=idees
    Notamment une présentation synthétique de l’ED, que j’ai écrite à partir du livre de Marie-Louise Duboin.

    et le journal Le Colibri Solidaire et Distributif (http://www.lecolibri.org), complémentaire de la Grande Relève et marrainé (entre autres) par Marie-Louise, qui fait connaître l’ED à travers les expériences qui s’en approchent. D’ailleurs, une Canadienne avait rédigé un article sur la propriété d’usage dans le n°3.

    Au plaisir de vous y retrouver,

    Eric Goujot de France

  9. Stephen on

    Osho once remarked that it is the level of consciousness rather than the « ism » that matters.

  10. fredofromstart on

    Et si nous nous mettions à considérer les besoins et les souhaits avant toute chose ? Avant même de compter quoi que ce soit ? Et si nous nous y retrouvions ?

    J’ai ce printemps démaré un wiki dans le but de la réaliser, la fameuse « machine à souhaits » que j’ai en tête depuis des années !

    Franchement, c’est pas si compliqué. Il s’agit simplement de dupliquer (fournir différentes répliques d’un même souhait) et aussi différentes répliques à chaque souhait.

    Vous aimez bidouiller, brainstormer, être les cobayes d’une expérience sociale sans précédent ?-)

    Bienvenue sur le wiki du projet Mots Sapiens !

    Une partie du wiki est consacrée à gracieusement héberger et éventuellement trouver des réponses à vos souhaits.

    Une autre partie expose la philosophie du projet. « Ce pourquoi on fait quoi. »

    Enfin une dernière partie est consacrée au comment. [Attention ! Peut contenir du code ^^]

    (Au fait, le projet a grandement besoin de quelqu’un qui s’y connait en développement de code source libre !)

  11. Kalevala on

    I discovered your blog on http://fredofromstart.
    wordpress.com/2010/07/25/un-systeme-economique-de-bon-aloi-%e2%80%94-proposition-pour-une-economie-distributive/ and I’m extremely happy I have. It’s as if you read my mind.
    You appear to know so much about this, as if you authored a
    textbook on it or something. While I think some extra
    media like some pics or a couple of videos, this will be a fantastic
    resource. I will certainly be back.


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